Au nord ouest du village, se dresse le château de Villy.

La tour construite en 1084 a vu son architecture enrichie au fil des siècles.

En 1896, l’ensemble est restauré par Emile Perillat, qui lui adjoint une conciergerie et une ferme.

Réfection des façades, création d’une terrasse, d’un perron et d’une tourelle adossée au donjon finiront de lui donner l’aspect qu’on lui connaît.

Le château de Villy

 

L’histoire du château remonte au 11ème siècle. A l’origine, ce n’était qu’une tour dont la hauteur correspondait aux deux tiers de la tour actuelle. Elle aurait été édifiée en 1084 par Guy de Faucigny, alors évêque de Genève, qui avait donné l’année précédente l’église de Contamine à l’abbaye de Cluny pour y fonder le prieuré.

Sa situation à flanc de coteau, telle une sentinelle, était idéale pour surveiller la route de Genève à Bonneville.

 

Du 11ème au 18ème siècle, les nobles du château de Villy

 

Le château est inféodé à la famille de Faucigny puis à une date inconnue à la famille des seigneurs de Villy ou de Villier. Il change de propriétaire en 1397 quand Jeannette de Villy apporte en dot, à son mari Jean Vidomne de Chaumont, le domaine de Villy. Ce dernier fait ajouter un bâtiment d’un seul étage accolé à la tour.

Parmi leurs descendants qui hériteront de cette demeure, il faut signaler à la fin du 16ème siècle Jean Claude Vidomne de Charmoisy, un seigneur de la branche cadette de la famille Vidomne de Chaumont. Il est un personnage important apparenté à de nombreuses familles de la noblesse savoyarde. Il fait entre autres partie de la suite du duc de Genevois-Nemours qui séjourne souvent à Paris. C’est ainsi qu’il rencontre Louise du Chastel, demoiselle d’honneur de Catherine de Clèves, duchesse de Guise et belle-sœur du duc de Nemours, qu’il épouse en 1600. Celle-ci prendra François de Sales, un cousin de son mari, comme guide spirituel. Leur correspondance est à l’origine du best-seller de l’époque, « Introduction à la vie dévote ». Dans cet ouvrage, L. de Charmoisy apparaît sous le nom de Philothée (du grec philos : aimer et theos : dieu), un nom épicène. Elle meurt à Contamine en 1645 et son corps est inhumé aux côtés de son mari, décédé en 1619, dans l’église Saint-François d’Annecy.

Outre ses visites pastorales, F. de Sales est venu fréquemment rendre visite à sa cousine par alliance au château de Villy et il aurait dit plusieurs fois la messe dans la petite chapelle à l’intérieur de la tour.

Catherine de Charmoisy, petite fille de la Philothée, épouse en secondes noces Victor-Amé de Mareschal Duyn de la Val d’Isère. Leur fils Henri reçoit le domaine de Villy. Mais leur fille Christine épouse en 1678 Joseph, marquis de Sales et petit-neveu de François de Sales, qui rachète à son beau-frère la seigneurie de Villy. Le château devient ainsi propriété de la famille de Sales.

En 1721, François de Sales, l’un des fils de Christine et Joseph, hérite de Villy et fait construire la partie sud-ouest sur les masures de la maison édifiée au 14ème siècle. A sa mort en 1769, son deuxième fils, Paul François de Sales, sera le dernier héritier du domaine de Villy. En effet, il vend le château en 1791 à Claude-François Vuy. Il ne touchera qu’une partie de la somme, le surplus sera versé plus tard à la nation.

 

19ème siècle, les notables du château de Villy

 

Claude François Vuy, un médecin et commissaire d’extentes, issu d’une famille originaire de Taninges, est né à Thônes et habite Bonneville lorsqu’il devient le nouveau propriétaire du château. Quand la Savoie est réunie à la France, il est le premier maire de Contamine en 1793 et le reste jusqu’à son décès en 1813 au château de Villy. Il fera exécuter des  réparations importante.

En 1822, le domaine devient la propriété de François Auguste Châtrier, né à Contamine en 1774 et issu d’une lignée de notaires et châtelains de Saint-Jean-de-Tholome. Après avoir mené une carrière militaire, il s’installe à Chêne-Thônex où il exerce le métier de notaire. Il est maire de cette commune entre 1808 et 1814, puis Conseiller d’Etat en 1817 et enfin Président de la Cour suprême jusqu’à sa mort en 1841. Ainsi successivement il est sarde, français puis genevois. Des membres de sa famille avaient habité le château pendant plusieurs générations en tant que régisseurs des seigneurs.

Stéphanie sa fille, épouse en 1843 Joseph François Jacquier-Châtrier. Celui-ci avocat, officier de l’Ordre des Saints-Maurice-et-Lazare, député au Parlement Sarde, joue un rôle politique important dans le Faucigny. On lui doit notamment, l’idée de la grande zone franche. Il décède en 1876 à Contamine. Sa famille reste propriétaire du domaine jusqu’en 1896.

 

1896 – 1936, la vie de château à Villy

 

Emile Maxime Périllat, né à Contamine en 1852, est « monté » à Paris avec un modeste viatique lui permettant tout juste de payer son billet de train. Embauché au « Bon Marché », l’un des premiers grands magasins parisiens, il gravit très vite les échelons pour en devenir administrateur. Il se marie en 1880 avec Apolline Jeanne Marie Gaudumet, corsetière dans le grand magasin. Après avoir fait fortune et nostalgique de son pays natal, il acquiert en 1896 le château de Villy avec ses terres et dépendances.

Le bâtiment est en mauvais état et E. Périllat entreprend de grands travaux pour lui donner l’aspect que nous lui connaissons aujourd’hui. La tour est rehaussée d’un tiers et surmontée de mâchicoulis et de meurtrières qui lui donnent un aspect médiéval. Le logis est surélevé d’un étage. Les façades sont refaites et embellies de larges fenêtres à meneaux. Il ajoute la terrasse, le perron et la tourelle ronde adossée à la tour. Des lucarnes sont construites dans les toitures qui se terminent par une crête. L’intérieur est aménagé somptueusement. La chambre d’A. Périllat semble être une reproduction de la chambre de la reine Marie-Antoinette au Petit Trianon. Deux constructions sont adjointes, une conciergerie et une ferme.

  1. Périllat décède à Paris en 1928. Madame A. Périllat vend le domaine en 1936 à Marie-Thérèse Bailly, veuve de Charles Strittmatter.

 

1936 – 1993, les derniers propriétaires de Villy avant l’acquisition par la commune

 

Madame M.-T. Strittmatter-Bailly et sa famille habitent le château jusqu’en 1954, date à laquelle elle le vend avec le parc attenant à la ville de Villefranche-sur-Saône. Il est alors utilisé comme centre de vacances et des pièces sont supprimées pour faire place à un grand escalier menant aux étages. Une entrée est créée sur la façade orientale.

En 1988, le château et le parc sont revendus à deux sociétés privées avec pour projet un aménagement hôtelier, des résidences et un ensemble pavillonnaire. Mais la commune s’oppose à ces réalisations et après une action en justice contre les nouveaux acquéreurs, elle devient propriétaire du château et du parc en 1993.

 

Source principale : Collectif. 2015. Contamine-sur-Arve, Art – Histoire – Emotions. Les Amis de la Grande Maison et J. Croset (eds), ISBN 978-2-7466-8323-5, 456 p.